Texte de Carol J (inspiré d’un texte de N’tozake Shange dans For Colored Girls)
Victoria exerce son métier de cordonnière dans une boutique de la Place. Lasse de mener une vie terne, sans éclats, agacée par le déambulement des clients-passants-zombies, désirant faire vivre cette passion créative qui l’habite depuis trop longtemps, Victoria hésite à créer SES souliers. Puis à l’hiver 2010, Victoria voit sa vie basculer...
Quelqu’un est quasiment parti avec mes souliers
Pas mes poèmes ni mes danses
Mais quelqu’un est quasiment parti avec mes souliers
Le droit, le gauche, les deux, la paire
Comme le sifflement d’un mauvais air
Comme le temps six pieds sous terre
Eille, redonne-moi mes souliers
Je veux marcher dans mes souliers
Dans mes propres souliers
Mes souliers propres, sales, usés, troués, craqués, soulés, souillés, souliers souillés…
Redonne-moi mes trucs, mes traces
Redonne-moi mes godasses
Qu’est-ce qu’on peut bien faire avec mes souliers?
Arracher mon cuir
Voler mon sourire
Fuir
Ça les fera pas giguer, ça les fera pas valser
C’est moi qui a la clé!
C'est mon trip ça, mon trip de femme, j'ai besoin de mes souliers
Pour me sentir belle, pour me sentir grande
Pour me sentir chez moi
Redonne-moi mes souliers
Redonne-moi mes trucs, mes traces
Redonne-moi mes godasses
Tsé sont pas à toi, sont à moi!
Mes souliers! C'est le hold-up du siècle!
Et moi j'étais là, et je les regardais partir
Sans bouger, sans réagir
Les deux pieds dans la même bottine!
Whoah! Je coure vraiment vers par propre ruine...
Bon, ben laisse-moi me rechausser comme du monde,
Pis laisse-moi me retrouver, moi et ma musique et mes chansons
Mon rythme, ma voix, mes saisons!
Redonne-moi mes souliers
Redonne-moi mes trucs, mes traces
Redonne-moi mes godasses
Mes trucs, mes traces… mes godasses
Trucs, traces... godasses...
